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pijl français
Le projet à Dieppe
Possession/Non-Possession
L'idée d'une exposition autour des jardins de Varengeville-sur-Mer remonte à une rencontre dans un de ses endroits.

« Regardez autour de vous ! Comment imaginer que l'on puisse posséder tout ça ? », et elle ouvrait ses bras, comme un albatros prêt à bondir des falaises, les ailes larges et étendues. « Welcome, welcome! » disait-elle en regardant les trois enfants en face d'elle et en les entourant dans ses bras, les serrant tout près d'elle. On l'aura sans doute interrompue au milieu d'une rêverie d'après-midi, en ce jour ensoleillé hivernal au milieu du Jardin Blanc, en face de la villa du Bois des Moutiers.

Telles étaient la contemplation et la générosité de Mary Mallet que l’on a rencontrée ce jour-là, et ces qualités étaient aussi les impulsions primordiales que l’on a voulu exprimer avec cette exposition autour de ce parc, métaphore du jardin.

Et depuis ce jour, sont venus se greffer d’autres jardins : une collection d’hortensias et un potager. Et d’autres questions. Qui alimentent les images et installations de l’exposition autour de trois thèmes : le jardin terrestre, le jardin céleste et le jardin vital.

Bien que présent dans beaucoup de traditions, des textes bibliques au romantisme, de Shakespeare au taoïsme, l'image du jardin reste une source évocatrice au-delà de l'usage courant qui le réduit à un simple appendice de la maison.

“Le Jardin Terrestre” comme lieu de la générosité. La nature comme don et défi pour le jardinier qui lui-même est le sculpteur de la réalisation plastique qui demande sa dévotion, sa vision, son empressement à se confronter avec la terre, l'eau, la chaleur, le froid. Le jardinier comme prototype de l’homme qui jour après jour, soigne le cycle de la vie et de la mort. L’homme intermédiaire avec la nature, gestionnaire d'un lieu d'accueil, emblématique du séjour humain sur cette terre.

incognito

“Quand Saturne règne,

toutes les choses s'inversent,

et tout devient son opposé.”

(extrait des Saturnales)

saturnia

“Le Jardin Céleste” est un non-locus, un lieu d’esprit et d’intenses vibrations, de réflexion et de détachement. Rappelant à cette dimension qui va au-delà de la religion, la figure du prêtre est le jardinier spirituel; ses outils sont des symboles, ses faits sont des rituels, pas des actions aux finalités pratiques mais des repères ou des indications. Le choix du prêtre (chrétien) est accidentel. Ça aurait pu être un imam, un moine buddhiste ou un autre gestionnaire “d’un monde différent”.

“Le Jardin Vital” : espace de l’homme qui explore soi-même et qui découvre le monde : le créateur des artefacts, des architectures et des civilisations. Pour cet homme “sans-domicile” la maison n’est pas devenue un foyer, le centre d’accueil lui reste une parenthèse, un lieu d’exclusion. Ce “non-possesseur” nous remet les pieds sur terre, nous raconte quelque chose à propos de l’habitation de notre monde. Nous rappelle que l’on entre et que l’on sort de cette vie sans biens, que l’on y passe comme à travers un jardin. Il exprime une idée pour se réjouir et partager, dans un lieu sans mur ni porte ni toit.

Dans une espace invisible.